La fondation de l’abbaye féminine de Blendecques par Didier, évêque de Thérouanne (1186)
« Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Moi Didier, par la grâce de Dieu évêque de Thérouanne, à tous les fidèles, pour toujours. De même que les saints pères, devancés et aidés par la grâce de l’Esprit Saint, se sont appliqués de toutes les manières possibles à amplifier le renom de la sainteté, nous aussi, qui, avec l’aide de Celui qui donne leur nom aux choses qui sont et même à celles qui ne sont pas, suivons de loin leur exemple, nous avons décidé, sur les prières concordantes de nos fils et les demandes insistantes des grands des environs, de placer à Blendecques, un village de notre diocèse, une communauté de femmes qui serviront Dieu sous une règle. Mais pour ne pas que nous ayons l’air d’avoir commencé une telle affaire de notre propre initiative avec une audace téméraire, nous avons jugé nécessaire de consulter à ce sujet notre métropolitain, le seigneur Guillaume, cardinal de la sainte Église romaine du titre de Sainte-Sabine, légat du siège apostolique, un homme d’excellent conseil. Ainsi consulté, il a approuvé notre projet, et son approbation nous a amené à élargir ce que nous avions prévu : nous sommes allé trouver pour cette cause l’illustre comte Philippe et son épouse la très noble Mathilde, et avec un grand sourire ils nous ont donné leur accord unanime et ont promis qu’ils nous aideraient par leur aide et leur conseil.
C’est alors avec une confiance plus grande, et qui n’était pas imméritée, que nous avons attaqué notre projet, non sans avoir pris le conseil de notre chapitre, qui avait rempli son rôle en donnant son assentiment. Nous avons offert généreusement à celles qui serviront Dieu à cet endroit le personat de l’église Sainte-Colombe de Blendecques avec toutes ses dépendances et les offrandes, ainsi que la chapelle de Soyecques appartenant à ce personat, sauf le respect du droit de la paroisse et de l’évêque. Sur le conseil commun de nos frères, nous avons accordé à cette église une telle liberté et immunité que celles qui serviront Dieu dans cette église auront le droit de libre élection, et qu’en dehors de leur chapitre elles n’auront à rendre compte de leur discipline ou de n’importe quelle autre chose à personne d’autre qu’à nous et à nos successeurs, étant sauve en toute chose l’autorité du siège apostolique.
Cette affaire ayant donc été commencée au nom de Dieu, se présentèrent devant nous notre cher fils Baudouin, prêtre de cette paroisse, qui en présence de notre chapitre fit à cette église une donation de plus de 100 marcs, et le fidèle homme Ghiso, fils d’Évrard d’Aire, qui fit de même une donation de plus de 600 marcs. Et nous avons confié le soin de cette maison pour tout ce qui est temporel à ces deux hommes, parce qu’ils sont efficaces et qu’ils ont été les premiers à aider la fondation de ce lieu.
Nous confirmons à cette église la possession perpétuelle de ces dons, tant les nôtres que les autres, par l’appension de notre sceau, avec l’accord du doyen de Thérouanne Clarembaud, de l’archidiacre de Thérouanne Lambin, de l’archidiacre de Flandre Gautier, du chantre Jean et des autres chanoines, et avec l’attestation du sceau de ceux-ci. Mais si un ecclésiastique ou un laïc tentait de priver ce lieu, en tout ou en partie, des susdites donations, ou de ce que la pieuse générosité des fidèles laïcs ou ecclésiastiques lui a offert, ou lui aura offert dans l’avenir, ou de n’importe quelle autre chose qu’il aura acquise d’une autre manière si elle légitime, il rendra des comptes au jour du jugement devant notre Seigneur Jésus-Christ, la mère de ce juge et sainte Colombe, vierge et martyre, par le patronage de qui ce lieu est protégé, et sera écarté des justes par les anges de Dieu. En revanche, quiconque a ou aura apporté une pieuse donation pour la subsistance de celles qui servent Dieu à cet endroit, que notre Seigneur Jésus-Christ le récompense d’une mesure bonne, pleine, bien tassée et débordante. Fait en l’an 1186 depuis l’incarnation du Seigneur. »
***
La fin du XIIe siècle, et plus encore le début du XIIIe, voient une grande vague de fondation d’abbayes cisterciennes féminines. C’est le cas de l’abbaye de Blendecques, même si en 1186 rien ne dit qu’elle adhèrera plus tard à l’ordre de Cîteaux (pour un diocèse voisin, voir Delmaire 1994, t. 1, p. 313-317). Concrètement, par cette charte Didier, évêque de Thérouanne, fonde à Blendecques une communauté de religieuses et lui donne le personat de l’autel de Blendecques, la chapelle de Soyecques et la libre élection. Il notifie aussi diverses donations effectuées en faveur de cette abbaye. La charte est scellée par l’évêque et par le chapitre.
Cet acte peut être considéré comme la charte de fondation de l’abbaye de Blendecques. L’évêque Didier donne dans cet acte une histoire de cette fondation, de sorte que la charte est en réalité une mise en récit du processus de fondation. À en croire l’évêque en tout cas, l’initiative est venue de lui. Soucieux d’imiter ses prédécesseurs, il a décidé d’établir une communauté de religieuses dans le village de Blendecques ; on peut donc en déduire que le village préexistait à la communauté monastique. De fait, Blendecques est déjà citée en 1069 dans la charte par laquelle l’évêque Drogon notifiait la donation au chapitre d’Ardres, entre autres, d’une terre à Blendecques (Tock à paraître, n° 6 ; pour d’autres mentions entre 1069 et 1186 voir Malsy 2018, pp. 863-865).
Quoi qu’il en soit, l’évêque voulut faire approuver son projet par les autorités : l’archevêque de Reims Guillaume, qui était également cardinal et légat du pape, et le couple comtal de Flandre, Philippe et Mathilde. Tous donnèrent leur accord, dûment mentionné dans la charte épiscopale, et confirmé par leurs propres chartes, celle de Philippe et Mathilde en 1186 (De Hemptinne et Verhulst 2009, n° 701), celle de Guillaume l’année suivante (original à Lille, Arch. dép. Nord, B 19739 ; http://www.cn-telma.fr/chartae-galliae/charte212754/ ; DB 12845). L’évêque se préoccupa ensuite d’obtenir l’accord de son chapitre cathédral.
Mais en quoi consistait cette fondation ? Quelles furent les actions juridiques concrètement posées par l’évêque ? Didier se contente d’indiquer qu’il place (collocare) une communauté de femmes à Blendecques ; il donne à cette communauté le personat de l’église de Blendecques, donc le droit de nommer le prêtre de cette église, et de percevoir une partie des revenus, en particulier des offrandes. Cette église était dédiée à sainte Colombe, et c’est sans doute de là qu’est venue la dédicace de l’église monastique. Il y ajoute la chapelle de Soyecques, qui appartenait à ce personat. Enfin, il ajoute que deux personnages, le prêtre Baudouin et un certain Ghiso (souvent lu « Ghilo ») d’Aire, sans doute un laïc, ont donné d’importantes sommes d’argent (respectivement plus de 100 et de 600 marcs d’argent), qui leur ont valu de recevoir la charge du temporel de la communauté. Le rôle de Baudouin est confirmé par un auteur un peu postérieur, Lambert d’Ardres, qui raconte, vers 1200, que le doyen Baudouin, ayant hérité on ne sait comment de la terre donnée à l’abbaye d’Andres en 1069, a préféré la donner à l’abbaye Sainte-Colombe plutôt que la restituer à l’abbaye d’Andres (MGH. Scriptores, t. 24, p. 617). Ce qui laisse un doute au sujet de l’initiateur de cette fondation : Lambert ou Baudouin ?
Du point de vue monastique, l’évêque ne précise pas quelle règle suivront les religieuses. La charte archiépiscopale non plus, et la charte comtale encore moins puisque le comte effectue une donation en faveur de l’église de Blendecques, sans autre précision. Ou plutôt, il précise qu’il effectue cette donation en faveur du prêtre de cette église, Baudouin, à titre viager ; c’est seulement à la mort de Baudouin que le bien donné passera à cette église.
Mais l’évêque accorde à l’église deux privilèges importants : la liberté d’élection (de la supérieure : ce n’est pas indiqué et le terme d’ « abbesse » est absent) et le droit de ne relever, sauf pour les fautes justiciables devant le chapitre, que de la justice épiscopale.
Pour cet acte on a utilisé une feuille de parchemin d’assez grande dimension, presque un format A3 actuel. La première ligne, qui correspond au protocole, est écrite en lettres allongées, d’ailleurs relativement larges pour des lettres allongées. Les autres lignes utilisent une écriture déjà largement gothicisée, avec une ornementation diplomatique (prolongement en oblique des hastes et des queues, signe abréviatif) qui solennise le document. La perte des originaux des actes comtal et archiépiscopal ne permet malheureusement pas de d’étudier d’éventuelles analogies.
La rédaction de l’acte a été soignée. On y trouve quasiment tous les éléments du discours diplomatique : invocation, intitulation, adresse, salut, préambule, exposé et dispositif, annonce des signes de validation, clause comminatoire, date. Le préambule est directement lié, dans la même phrase, à l’exposé. Chose rare dans les chartes épiscopales, la menace d’excommunication à l’égard des contrevenants est suivie par une formule de bénédiction des donateurs. Dans l’ensemble le texte est très soigné et intègre deux citations bibliques. Il contient aussi un mot rare, « aggratulatio », qu’avant 1186 on trouve surtout dans le commentaire de Pierre Lombard sur les psaumes (PL, t. 191, col. 531, 1202, 1284). Un indice d’une formation universitaire du clerc chargé de la rédaction de cet acte ?
En l’absence de témoins, la validation de l’acte était essentiellement assurée par les sceaux. Au nombre de deux, ils sont aujourd’hui perdus (on peut simplement savoir qu’ils pendaient sur des fils de soie ou des lacs de chanvre), mais l’acte nous dit clairement qu’il s’agissait de ceux de l’évêque bien sûr, et du chapitre cathédral (le sigillum eorumdemrenvoie sans doute à l’ensemble des personnes citées : doyen, archidiacres, chantre, chanoines). Le sceau capitulaire est épisodiquement mentionné au cours du XIIe siècle, hélas jamais conservé, mais connu par un dessin dû, à la fin du XVIIIe siècle, à dom Dewitte, moine à l’abbaye de Saint-Bertin (Tock à paraître, n° 491 ; le dessin est dans le manuscrit de Saint-Omer, B.M., ms. 803, t. 2, p. 52 ; sur la qualité des dessins de dom Dewitte on consultera cependant Parent 2006). Il représente sainte Marie debout, voilée, tenant un livre dans la main gauche, un bâton fleurdelysé dans la main droite). Le sceau de l’évêque Didier, classique, est en navette et représente le prélat assis sur sa cathèdre, tenant sa crosse de la main gauche et bénissant de la main droite.
***
Édition du texte latin de l’acte
A. Original sur parchemin, haut. 41 cm (dont repli 5 cm), largeur 26 cm, deux sceaux pendants sur double queue de parchemin perdus, Archives municipales de Metz, coll. Salis, II, 230/1.
B. Copie du XVIIe siècle, Arras, B.M., ms. 316, fol. 132r-133v. – C. Copie du XVIIe siècle, Bruxelles, A.G.R., ms. divers 5162, fol. 120r-v. – D. Copie du 18 juillet 1733 par Cardon, Lille, Arch. dép. Nord, B 19739. – E. Copie du XVIIIe s., Paris, BnF, coll. Picardie, t. 26, fol. 35v-36r. – F. Copie du XXe siècle par R. Rodière, Arras, Arch. dép. Pas-de-Calais, 12 J 1/106, p. 203-204, d’après C.
a. D’Achéry 1723, t. 11, p. 330 ; 2e éd., t. 3, p. 548-549. – b. Miraeus et Foppens 1723, t. 2, p. 1190, d’après a. – c. Tock à paraître, n° 309.
Indiqué : Wauters 1868, t. 2, p. 657. – Bled 1904-1907, n° 912. – DB 7628.
L’original ne se trouve plus dans les archives de l’abbaye de Blendecques mais est conservé aux archives de la ville de Metz, à laquelle il avait été légué par le Louis-Numa de Salis (1803-1880), collectionneur de manuscrits et d’archives (Brunel 1914 ; Tribout de Morembert 1957-1958).
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Desiderius, Dei gratia Morinorum episcopus, universis fidelibus, in perpetuum.
Cum omnes retro sancti patres preventi et adjuti gratia Spiritus Sancti in id modis omnibus elaboraverint ut amplificarent nomen sanctitatis, nos a longe eorum sequentes vestigia, adjuvante eo qui vocat ea que non sunt tamquam ea que sunt (Rom., 4, 17), concurrentibus votis filiorum nostrorum et instantia postulationis magnorum virorum circummanentium, statuimus in Blendeka vico dyoceseos nostre congregationem feminarum regulariter Deo servientium collocare. Ne vero in tanto negotio aliquid de nostro sensu presumptione temeraria cepisse videremur, dominum metropolitanum Willelmum, sancte Romane ecclesie tituli sancte Sabine cardinalem, apostolice sedis legatum, virum videlicet altioris consilii, dignum duximus super hoc esse consulendum. Quo consulto et propositum approbante et aggratulatione sua ad id quod proposueramus amplius provocante, principem quoque terre, illustrem comitem Philippum una cum M[athilde] nobilissima conjuge ipsius super eadem causa adivimus, qui et unanimem assensum cum multa hylaritate prebuerunt et se auxilio et consilio affuturos promiserunt.
Hinc ergo majore fidutia non inmerito assumpta propositum aggredientes, communicato consilio cum capitulo nostro et partes suas assensibus inplente, personatum ecclesię Sancte Columbe de Blendeka cum omnibus pertinentiis suis et obventionibus, capellam quoque de Soieka ad eundem personatum spectantem, inibi Deo servituris salvo jure parrochiali et episcopali liberaliter contulimus, hanc libertatem et immunitatem eidem ecclesię de communi consilio fratrum decernentes et indulgentes ut in eadem ecclesia Deo servientes liberam electionem habeant, et nulli persone nisi nobis et successoribus nostris de ordine suo vel de quacumque alia re extra capitulum suum habeant respondere, salva in omnibus auctoritate sedis apostolice.
Ita ergo in nomine Domini inchoato negocio accesserunt ad nos dilectus filius noster Boidinus ejusdem parrochie presbiter in presentia capituli nostri, donationem eidem ecclesie faciens centum marcarum et amplius et fidelis vir Ghiso filius Everardi de Aria similiter secentarum marcarum et amplius. Nos vero providentiam ejusdem domus in temporalibus duobus prenominatis tamquam industriis et primis in ejusdem loci fundatione coadjutoribus nostris commisimus.
Predictas igitur donationes tam nostras quam illorum sigilli nostri appensione, Clarenbaldi quoque Morinensis decani et Lambini Morinensis archidiaconi et Walteri Flandrensis archidiaconi et Johannis cantoris ceterorumque canonicorum assensu cum eorumdem sigilli attestatione in perpetuam possessionem eidem ecclesię confirmamus.
Si qua vero ecclesiastica secularisve persona prefatas donationes vel quicquid devota largitio fidelium ecclesiasticarum seculariumve personarum contulit vel in futurum contulerit seu quicquid alio modo legitime acquisitum fuerit subtrahere ab eodem loco vel imminuere temptaverit, cum domino Jesu Christo et matre ipsius judicis et beata Columba virgine et martyre cujus patrociniis idem locus munitur, in die judicii rationem deducat et ab angelis Dei de medio justorum separetur. Quisquis vero ad sustentationem inibi Deo servientium piam donationem intulit vel intulerit, mensuram bonam et confertam et coagitatam et supereffluentem remetiatur (Luc, 6, 38) ei Dominus noster Jesus Christus, amen. Actum anno ab incarnatione Domini millesimo centesimo octogesimo sexto.
***
Sources et bibliographie complémentaires
D’Achery L. (1723), Veterum aliquot scriptorum spicilegium, 2e éd., 2 vol., Paris, Montalant.
Bled O. (1904-1907), Regestes des évêques de Thérouanne, 500-1553, 2 vol., Saint-Omer, D’Homont.
Brunel C. (1914), « Les parchemins de la collection Salis aux archives historiques de la ville de Metz », Bibliothèque de l’École des Chartes, t. 75, p. 345-353.
DB = Diplomata Belgica (= https://www.diplomata-belgica.be/colophon_fr.html, consulté le 16 août 2024).
De Hemptinne T. et Verhulst A. (2009), De oorkonden der graven van Vlaandren (juli 1128 – september 1191). II. Uitgave, t. 3, Bruxelles, Koninklijke Commissie voor Geschiedenis van België.
Delmaire B. (1994), Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du XIVe siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le nord de la France au Moyen Âge, 2 vol., Arras, Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais.
Lambert d’Ardres, Historia comitum Gisnensium, éd. I Heller, in Monumenta Germaniae Historica. Scriptores, t. 24, Hanovre, Hahn, 1879, p. 550-642.
Malsy J.-C. (2018), Dictionnaire des noms de lieux et des lieux-dits du Pas-de-Calais, Grandvilliers, Delattre.
Miraeus A. et Foppens J. F. (1723), Opera diplomatica, t. 2, Bruxelles, Foppens.
Parent V. (2006), « Le Grand cartulaire de l’abbaye de Saint-Bertin : une source méconnue en sigillographie », Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 76, p. 127-153.
Pierre Lombard, Commentarius in psalmos, in Patrologia latina, t. 191, Paris, 1854, col. 55-1296.
Tock B.-M. (à paraître), Les chartes des évêques de Thérouanne, Caen, Presses universitaires de Caen.
Tribout de Morembert H. (1957-1958), « Chartes et documents concernant le Nord de la France (Flandres, Artois, Tournaisis) conservés aux Archives de la ville de Metz », Bulletin de la société des antiquaires de la Picardie, t. 47, p. 101-154.
Wauters A., Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l’histoire de Belgique, t. 2, Bruxelles, Hayez.
Image d’illustration : Metz, Arch. Mun., coll. de Salis, II, 230/1.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
benoitmicheltock (15 décembre 2024). La fondation de l’abbaye féminine de Blendecques par Didier, évêque de Thérouanne (1186). ACTÉPI. Consulté le 16 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12xld